La consolidation du pouvoir et la bataille de Tours
Charles comptait beaucoup sur des hommes libres armés pour servir de base à son armée, mais le rythme croissant des opérations offensives l’obligeait à créer pour son armée un élément de cavalerie puissant composé d’hommes de combat professionnels débarqués. L’étrier n’était pas encore utilisé chez les cavaliers francs, de sorte que la force équestre de Charles n’aurait pas ressemblé à la véritable cavalerie lourde de choc du Moyen Âge tardif, mais le coût des armes et des armures était néanmoins important. Pour financer cette entreprise coûteuse, il s’appropria une partie des terres ecclésiastiques récemment acquises et consolidées par divers évêques, principalement en Bourgogne. Cette action n’a suscité aucune censure contemporaine, et la tenure des terres a ensuite été régularisée sous les fils de Charles, Pippin et Carloman. Il fut alors décidé que les guerriers à qui les terres avaient été concédées les conserveraient à vie (précaires), l’église restant le propriétaire réel.
Encore une fois, aucune désapprobation contemporaine n’a été manifestée par la sévérité de Charles envers les évêques, tels que Rigobert de Reims, qui étaient rancuniers ou tardés à céder leurs biens. Charles, en fait, était considéré favorablement par l’église et était connu pour son patronage des monastères. C’est à Charles que le pape Grégoire II a écrit en 722 pour obtenir le soutien de la mission de Boniface en Rhénanie. À partir de ce moment, Charles soutint constamment Boniface et assista également les efforts missionnaires de Pirmin et Willibrord, apôtres des Alémans et des Frisons, respectivement.
Après avoir passé une grande partie des années 720 à faire campagne dans le nord et l’est, Charles passa une grande partie de la décennie suivante à combattre une menace persistante sur sa frontière sud. Depuis leur arrivée en Espagne d’Afrique en 711, les musulmans avaient attaqué le territoire franc, menaçant la Gaule et, à une occasion (725), atteignant la Bourgogne et mettant à sac Autun. En 732, ʿAbd al-Raḥmān al-Ghafiqi, le gouverneur de Cordoue, marcha sur Bordeaux et vainquit Eudes. Les musulmans se dirigèrent ensuite vers le nord à travers l’Aquitaine jusqu’à la ville de Poitiers. Eudes a fait appel à Charles pour obtenir de l’aide, et Charles a réussi à vaincre une force musulmane importante à la bataille de Tours. Bien que Tours soit parfois présenté comme un contrôle décisif de l’expansion musulmane en Europe, il s’agissait en réalité d’un engagement unique dans un conflit de plusieurs décennies entre les Francs et les armées de l’Espagne musulmane. Cette victoire eut pour effet de ternir la réputation et l’autorité de Charles, surtout en Aquitaine, où il obligea Eudes à lui prêter allégeance.
En 733, Charles commença ses campagnes pour forcer la Bourgogne à céder à son règne. En 735, on apprend qu’Eudes est mort et Charles traverse rapidement la Loire pour faire sentir sa puissance autour de Bordeaux. En 739, il avait complètement soumis les petits chefs de Bourgogne, et il a continué à repousser les avances musulmanes en Gaule pendant la décennie.
La santé de Charles commença à faiblir à la fin des années 730, et en 741, il se retira dans son palais de Quierzy-sur-Oise, où il mourut peu après. Avant sa mort, il partage le royaume mérovingien entre ses deux fils légitimes, Pippin III et Carloman. Charles s’abstint cependant de transférer le titre royal à sa propre dynastie. La fiction de la domination mérovingienne se poursuivra jusqu’à ce que Pippin écarte Childéric III, le dernier roi Mérovingien, et se fasse couronner roi des Francs en 751.
Eleanor Shipley DuckettLes rédacteurs de l’Encyclopaedia Britannica