La percée de panzer
Les éléments de tête du groupe de Panzers Kleist (sous les ordres du général Paul Ludwig von Kleist) ont traversé la Meuse le 13 mai. Le lendemain, les Allemands avaient franchi en force la ligne du canal Meuse-Albert et étaient entrés en France juste à l’ouest de Sedan. Les bombardements incessants des bombardiers en piqué Stuka ont brisé le moral des défenseurs français dans ce secteur; Les commandants français avaient cru si fermement à l’impossibilité d’attaquer à travers les Ardennes que les troupes y manquaient presque complètement d’armes antichars et de canons antiaériens. De son côté, la ligne Maginot n’avait pas été rompue. La pénétration allemande avait eu lieu dans une faible extension de la ligne le long de la frontière belge, et les défenses qui y existaient étaient sous-équipées par des troupes de moindre qualité. Néanmoins, la zone que la ligne devait protéger avait été envahie, ce qui, avec le temps, força l’évacuation de la ligne Maginot elle-même.
Le 15 mai, le XIX Corps de Panzer de Heinz Guderian a percé la ligne française et s’est dirigé vers l’ouest en pleine campagne. Le rythme de l’avancée était à couper le souffle et, selon toutes les normes de guerre précédentes, ce fut un désastre en devenir. Le saillant blindé allemand était étroit et ses flancs étaient légèrement tenus, voire pas du tout, avec sa pointe à quelque 150 milles (plus de 240 km) du corps principal de l’avance allemande. Au nord se trouvait toute l’armée belge, la majeure partie du Corps expéditionnaire britannique (BEF) et au moins deux armées françaises, soit près d’un million d’hommes, tandis que le reste de l’armée française se trouvait derrière et au sud d’elles. En effet, les supérieurs de Guderian ont tenté de ralentir sa progression pour permettre une consolidation des forces, mais il a perçu l’importance de maintenir son élan. Caractérisant son avancée continue comme une » reconnaissance en force », Guderian a continué. Le 17 mai, Guderian traverse l’Oise et entre dans la vallée de la Somme, qu’il descend jusqu’à son embouchure à Abbeville. Ayant atteint la Manche le 20 mai, Guderian avait effectivement coupé les communications entre les forces alliées au nord et au sud. Il s’arrête brièvement pour permettre aux unités mécanisées allemandes de renforcer son flanc le long de la Somme avant de basculer vers le nord pour menacer les ports de la Manche de Calais et de Dunkerque le 22 mai.
D’autres unités allemandes ont connu des succès similaires. La 7e Panzerdivision du général Erwin Rommel traverse la Meuse près de Dinant, en Belgique, le 13 mai et établit rapidement une tête de pont sur la rive ouest. Le 15 mai, le XLI Panzer Corps du Général Georg-Hans Reinhardt força le franchissement de la Meuse à Monthermé et brisa la ligne française. Rommel et Reinhardt se sont tous deux dirigés vers l’ouest en pleine campagne. Avec Guderian, ils avaient ouvert une brèche de 60 milles (près de 100 km) de large dans les défenses françaises. La division de Rommel avance si rapidement qu’elle ne peut maintenir que des communications sporadiques avec l’Oberkommando des Heeres (OKH ; Haut Commandement de l’Armée), ce qui la conduit à être surnommée une » division fantôme ” par les Allemands et les Français ; ni l’un ni l’autre ne peuvent être entièrement sûrs de l’endroit où se trouve Rommel ni de l’endroit où il frappera ensuite. Pendant ce temps, le corps de Reinhardt s’approche des ports de la Manche au sud de l’arrière britannique à Arras.