Maybaygiare.org

Blog Network

Le rôle de l’immigration mexicaine aux États-Unis dans l’amélioration de la sécurité au travail des Autochtones

Au fur et à mesure que le nombre total d’immigrants mexicains a augmenté, la part des travailleurs immigrés mexicains a également quintuplé, passant de 1% en 1980 à 5% en 2015. Ce changement dans la composition de la main-d’œuvre a probablement eu un impact sur le travail et les conditions de travail des travailleurs autochtones employés sur les mêmes marchés du travail locaux que les nouveaux travailleurs immigrants. Au cours de cette période d’immigration mexicaine croissante, un certain nombre de mesures indiquent que la sécurité au travail s’est améliorée aux États‐Unis, en particulier pour les travailleurs non hispaniques. Entre 1980 et 2015, le taux global d’accidents du travail non mortels a chuté de plus de 60%, passant de 8,8 pour 100 travailleurs en 1980 à 3,0 pour 100 travailleurs en 2015, et les données de l’Enquête démographique actuelle (SCP) montrent que le taux de prestations en espèces d’indemnisation des accidents du travail (WC) parmi les travailleurs a diminué de 68%, passant de 2,0 pour 1980 à 0,64 pour 2015. Cependant, aucun consensus n’a été atteint sur les raisons pour lesquelles les taux d’accidents du travail et les demandes de soins de santé ont chuté de manière si spectaculaire.

Nous examinons le rôle que l’immigration mexicaine a pu jouer dans cette baisse des blessures au travail chez les natifs des États-Unis. L’immigration mexicaine pourrait avoir amélioré la sécurité au travail des travailleurs autochtones si les immigrants travaillaient dans des emplois plus risqués et poussaient les autochtones à se déplacer vers des emplois plus sûrs. Notre analyse répond à trois questions. Premièrement, le risque professionnel — une mesure du risque d’un emploi particulier – diminue-t-il davantage pour les autochtones résidant dans des États qui sont plus exposés à l’immigration mexicaine? Deuxièmement, la santé au travail des non-Mexicains, mesurée par la réception des prestations de WC, s’améliore-t-elle parmi les travailleurs les plus exposés à l’immigration mexicaine? Et, enfin, dans quelle mesure la baisse globale de la réception des WC peut-elle s’expliquer par l’augmentation de l’immigration mexicaine?

Pour vérifier si l’augmentation de l’immigration mexicaine a entraîné une diminution du risque professionnel pour les travailleurs autochtones, nous créons une mesure du risque professionnel en utilisant les informations d’O*NET sur les conditions de travail physiques que nous comparons au risque professionnel de l’emploi en 2010. Cela nous permet d’analyser les changements dans le risque d’emploi des travailleurs au fil du temps découlant de changements de profession et non d’améliorations des conditions de travail au sein d’un emploi. Notre mesure du risque professionnel est le rang de centile de la profession dans la distribution des conditions physiques de 2010 — un centile plus élevé correspond à une profession ayant des exigences physiques plus élevées et un risque de blessure plus élevé. Nous quantifions l’immigration en provenance du Mexique au niveau des États à l’aide des recensements décennaux de 1980, 1990 et 2000 et des enquêtes communautaires américaines de 2001 à 2015. Nous examinons si les autochtones résidant dans des États qui ont connu une augmentation plus importante de l’immigration mexicaine ont connu une réduction plus importante du risque professionnel, tel que mesuré par les exigences physiques des emplois décrits par O*NET.

Nos résultats indiquent que l’immigration mexicaine a entraîné des améliorations significatives de la sécurité au travail pour les travailleurs autochtones et non mexicains et une diminution globale des demandes de WC. Nous constatons que l’augmentation de l’immigration mexicaine a conduit les Autochtones à occuper des emplois avec des mesures de risque professionnel plus faibles, en moyenne. En fait, l’immigration mexicaine peut expliquer 26% des améliorations du risque professionnel chez les autochtones entre 1980 et 2015, et ces effets sont concentrés chez les travailleurs autochtones ayant un niveau d’éducation moyen — c’est-à-dire un diplôme d’études secondaires ou un collège.

Nous nous tournons vers le CPS pour mesurer l’effet de l’immigration mexicaine sur la santé au travail des autochtones. Notre mesure de la santé au travail est une mesure binaire de la question de savoir si le travailleur non mexicain déclare avoir reçu des prestations en espèces de WC au cours de la dernière année. Un travailleur qui a été blessé au travail et qui a manqué plusieurs jours de travail est admissible à recevoir des prestations en espèces de WC, de sorte que cette mesure permet d’étudier l’effet de l’immigration mexicaine sur des incidents de santé au travail relativement importants. La deuxième constatation clé de notre analyse est que l’immigration mexicaine explique environ 17% de la réduction des demandes de WC chez les hommes non mexicains entre 1980 et 2015.

Nous évaluons ensuite le rôle de l’immigration mexicaine sur les demandes de WC dans l’ensemble — c’est-à-dire avec les Mexicains inclus dans l’échantillon. L’immigration mexicaine pourrait réduire le taux global de demandes de soins de santé si les immigrants sont en meilleure santé que les Autochtones ou moins susceptibles de présenter une demande de soins de santé en cas de blessure. Nous constatons que l’augmentation de l’immigration mexicaine a en effet entraîné une réduction globale des demandes d’asile, représentant environ 11% de la baisse de la réception des demandes d’asile chez les travailleurs masculins au cours de cette période. Cette baisse des demandes de soins de santé est l’une des principales tendances en matière de santé au travail qui se sont produites au cours des dernières décennies, et aucun consensus n’a été atteint quant à sa cause. De plus, les coûts des WC des employeurs sont élevés aux États—Unis — totalisant près de 95 milliards de dollars en 2015 – donc comprendre les facteurs qui expliquent la tendance à la baisse de la réception des WC a des répercussions sur les coûts des WC des employeurs, et nous fournissons la première preuve que l’immigration mexicaine a eu un impact sur les coûts des WC des employeurs. Sans l’immigration mexicaine, les coûts de l’employeur pour WC auraient été plus élevés.

NOTE:
Ce mémoire de recherche est basé sur Marcus Dillender et Melissa McInerney, « The Role of Mexican Immigration to the United States in Improved Workplace Safety for Natives from 1980 to 2015”, Journal of Health Economics 70 (2020), https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0167629619303005.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.