Louis Jolliet, explorateur, cartographe, hydrographe du roi, marchand de fourrures, seigneur, organiste, professeur (baptisé le 21 septembre 1645 à Québec; décédé entre le 4 mai et le 18 octobre 1700 probablement près de l’Île d’Anticosti). Premier explorateur canadien d’importance, Louis Jolliet a acquis de son vivant une renommée internationale en tant que premier non-Autochtone, avec Jacques Marquette, à voyager et à cartographier le fleuve Mississippi. Jolliet a également exploré et cartographié les régions du lac Supérieur, la région située entre la rivière Saguenay et la baie d’Hudson et une partie de la côte du Labrador.
Enfance et éducation
Fils d’un fabricant de wagons, Jolliet entre au Collège des jésuites de Québec en 1656. Il a étudié la philosophie, la théologie et la musique, et est devenu un organiste accompli. Parmi ses condisciples figurent Charles-Amador Martin, Pierre de Repentigny de Francheville et Germain Morin, avec qui Jolliet partage le titre d’officier de musique. Il prend ses ordres mineurs en 1662 et soutient une thèse de philosophie en 1666 tout en travaillant comme clerc. Il quitte la prêtrise en 1667. Sous le patronage de François de Laval, il s’embarqua pour la France et passa 1667-68 à Paris et à La Rochelle.
Expédition du Mississippi
Après son retour en Nouvelle-France, Jolliet devient coureur de bois. Il se trouvait à Ste-Marie du Sault (aujourd’hui Sault Ste Marie) le 4 juin 1671 et fut l’un des signataires du traité entre 14 nations autochtones et Simon-François Daumont de Saint-Lusson qui accordait à la France la possession des territoires de l’Ouest.
En 1672, Jolliet est choisi par l’intendant Jean Talon pour diriger une expédition visant à déterminer si le Mississippi, connu par les récits autochtones, se jette dans le golfe du Mexique ou l’océan Pacifique. Accompagné de six autres personnes, dont le père jésuite Jacques Marquette comme traducteur, Jolliet partit en expédition en mai 1673 et atteignit l’embouchure du Mississippi le 15 juin. À la mi-juillet, ils avaient atteint lat. 33°40 N près de l’embouchure de la rivière Arkansas, suffisamment au sud pour prouver que la rivière se jetait dans le golfe du Mexique. Ils ont rebroussé chemin lorsque des Autochtones amis leur ont informé qu’aller plus loin les exposerait à des forces autochtones et espagnoles hostiles.
Jolliet retourne au nord et passe l’hiver 1673-1674 à Ste-Marie du Sault. Lors de son voyage à Québec en mai 1674, ses trois compagnons sont tués et son journal de bord et sa carte de l’expédition du Mississippi sont perdus lorsque leur canot chavire au-dessus de rapides. Des exemplaires du journal de bord et de la carte laissés chez les jésuites aux chutes Sainte-Marie ont été perdus dans un incendie. Cependant, en 1675, à partir de récits de Jolliet et Marquette, Jean-Baptiste-Louis Franquelin dessine une carte de l’expédition qui sera publiée à Paris en 1681 sous le titre Voyage et découverte de quelques pays et nations de l’Amérique septentrionale.
Expédition de la Baie d’Hudson
À son retour à Québec, Jolliet se voit refuser une concession de fourrures qu’il demande pour la région de l’Illinois et rejoint son beau-père en 1676 dans une compagnie de traite des fourrures à Sept-Îles. Jolliet devient seigneur des Uccles de Mingan dans le golfe du Saint-Laurent en mars 1679 et de l’Île d’Anticosti en 1680.
En avril 1679, à la demande des fonctionnaires de la ville de Québec, Jolliet entreprend un voyage terrestre jusqu’à la baie d’Hudson pour étudier l’influence des commerçants anglais dans la région et évaluer la possibilité d’une alliance commerciale avec les Autochtones de la région. Sa réputation l’ayant précédé, Jolliet déclina l’offre du gouverneur anglais Charles Bayly de venir travailler pour lui, mais devint convaincu que » si les Anglais restent dans cette baie, ils se rendront maîtres de tout le commerce au Canada. À son retour, Jolliet recommanda que les Français » retirent les Anglais de cette baie ”, ou à tout le moins » les empêchent de s’établir plus loin, sans les chasser ni rompre avec eux. »
Expédition du Labrador
Jolliet se concentre alors sur le commerce et la pêche dans ses concessions, jusqu’à ce que deux raids des Anglais en 1690 et 1692 lui portent un coup financier dont il ne se remettra jamais. Le 28 avril 1694, avec l’appui d’un marchand de Québec, il appareille de Québec à bord d’un navire armé de 17 hommes et parcourt la côte jusqu’au lat. 56°8 N près de l’actuel Zoar. En plus de pêcher et de commercer avec les Autochtones en cours de route, Jolliet prend des notes détaillées du littoral et de ses habitants et réalise 16 croquis cartographiques — le premier récit enregistré de la côte nord du Labrador et la description la plus détaillée des Inuits à cette époque.
En avril 1697, Jolliet succède à Jean-Baptiste-Louis Franquelin comme professeur d’hydrographie au Collège des Jésuites de Québec. Il est nommé hydrographe du roi de France en 1680.
Musique
Bien que plus célèbre en tant qu’explorateur et hydrographe, Jolliet était également l’un des premiers musiciens canadiens en exercice. La preuve de son talent musical est rapportée d’abord par le père Jérôme Lalemant, qui écrit que le 1er janvier 1665 » Monseigneur l’Évêque a dîné avec nous, ainsi que Monsieur Meseré ; et le soir nous invitions les Sieurs Morin et Joliet, nos musiciens, à souper » ”Relations jésuites, vol. 49).
Jolliet aurait joué à la fois du clavecin et de l’orgue. Il est possible, mais non documenté, qu’il ait joué sur l’orgue acheté pour la ville de Québec en 1663 par Monseigneur de Laval. Lors d’un service commémoratif en 1700, la reconnaissance a été donnée à son « avoir joué de l’orgue dans la cathédrale et la paroisse pendant de nombreuses années. Fait sans solde » (Louis Jolliet, p. 145). Un document datant de 1720 reconnaît également » le fait qu’il jouait de l’orgue et avait appris à jouer à plusieurs personnes du séminaire. »
L’intérêt de Jolliet pour la musique est également évident à partir d’un ” chant illinois « , noté lors d’un voyage en 1673, soit par Jolliet, soit par le père Marquette. Dans son livre, William Amtmann reproduit la notation de ce ” chant de calumet » sous sa forme manuscrite (ed. seulement, p. 252), tel qu’il apparaît dans l’Histoire de l’Amérique septentrionale de Bacqueville de la Potherie (Paris, 1722) et fait référence à un débat de longue date au XXe siècle sur la question de savoir si Jolliet ou Marquette ont transcrit la chanson, ajoutant son propre raisonnement en faveur de Jolliet. Amtmann fournit également une analyse musicale.
Une version de cet article est initialement parue dans l’Encyclopédie de la musique au Canada.