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Une relation entre la dysfonction thyroïdienne et la dysfonction surrénalienne est reconnue depuis un certain temps. Certaines affections auto-immunes humaines, par exemple, peuvent détruire à la fois la glande thyroïde et le cortex surrénalien, entraînant des carences hormonales combinées. Au-delà de la destruction auto-immune, cependant, une relation entre la fonction thyroïdienne et la fonction corticosurrénale est moins claire. Il a été démontré que l’excès de glucocorticoïdes supprime l’axe central de la thyroïde, tandis que l’hormone thyroïdienne a été suggérée pour réguler la fonction corticosurrénale par des modifications du métabolisme des glucocorticoïdes hépatiques. Dans l’ensemble, ces études sont de portée limitée, et toute relation de régulation réelle entre ces glandes reste encore ténue (Samuels et McDaniel, Johnson et al). C’est pourquoi l’étude de Huang et al (3) est à la fois opportune et nouvelle. Ces chercheurs montrent pour la première fois que l’hormone thyroïdienne, agissant à travers l’une de ses isoformes réceptrices (THRB1), a un rôle direct dans le développement et la fonction corticosurrénalienne.

Le cortex surrénalien chez les mammifères se développe à partir d’un mésoderme intermédiaire, tandis que la médullosurrénale est dérivée d’un neuroectoderme (cellules de la crête neurale). Le cortex surrénalien forme d’abord une zone immature, qui est ensuite remplacée par des types de cellules corticales matures. La zone immature ou fœtale chez l’homme produit du sulfate de déhydroépiandrostérone, qui est utilisé par le placenta pour produire des œstrogènes. La zone définitive ou adulte chez l’homme et d’autres mammifères, en revanche, produit des minéralocorticoïdes et des glucocorticoïdes.

Chez des souris immatures, une zone corticale interne a été décrite qui exprime l’enzyme métabolisant les stéroïdes, la 20-α-hydroxystéroïde déshydrogénase (20aHSD). C’est ce qu’on appelle la zone x et régresse chez le mâle mais persiste chez la souris adulte femelle. On ne sait pas à l’heure actuelle s’il existe un équivalent développemental de cette zone chez les mammifères supérieurs. Fait intéressant, les facteurs gonadiques, les gonadotrophines et l’hormone thyroïdienne sont connus pour modifier l’apparence de cette zone (Huang et al). Huang et al montrent, en utilisant un locus Thrb1 marqué par la β-galactosidase, que THRB1 se colocalise avec 20aHSD à la zone x chez la souris. De plus, ils démontrent que le traitement par T3 provoque une hypertrophie de cette zone chez les souris de type sauvage mais pas chez les souris Thrb−/−. Comme le soulignent les auteurs, il a également été rapporté que l’extrait de thyroïde induisait une hypertrophie du cortex surrénalien chez d’autres espèces, telles que le lapin et le chat, qui n’ont pas de zone X définissable, ce qui suggère que cette découverte pourrait être généralisable à d’autres mammifères, y compris les humains.

Armé de ces connaissances, on peut maintenant se demander si une carence en hormones thyroïdiennes en soi peut provoquer une carence en hormones corticosurrénales subtile ou manifeste en agissant directement sur la glande. Le défi ici est de mieux comprendre le rôle de la zone fœtale, qui comprend la zone x, dans la fonction corticale surrénalienne de l’adulte. Il semble que le cortex adulte définitif se développe à partir de cellules capsulaires de surface qui migrent dans la glande, mais les auteurs suggèrent que la zone x pourrait représenter une autre source de cellules impliquées dans la réponse au stress. Malheureusement, cette hypothèse n’a pas été testée plus avant dans leur étude. On pourrait prédire, par exemple, que l’hypothyroïdie limite la réponse au stress aigu à l’ACTH ou que l’excès d’hormones thyroïdiennes augmente les niveaux d’hormones stéroïdes en dilatant les cellules résiduelles de la zone X chez l’animal adulte. Alternativement, les auteurs proposent que l’hormone thyroïdienne pourrait réguler les niveaux de progestérone et de 11-désoxycorticostérone via 20aHSD, qui est connu pour cataboliser les deux hormones, ce qui pourrait modifier la fonction surrénale d’une manière inconnue. Enfin, étant donné que l’hormone thyroïdienne régule le développement des cellules corticosurrénales, elle pourrait également modifier les antigènes de surface cellulaire et être impliquée d’une manière ou d’une autre dans l’induction de l’auto-immunité corticosurrénale. Plus de travail devra être fait pour répondre à ces questions.

Un rôle clair des récepteurs des hormones thyroïdiennes dans le développement du cervelet, de la rétine et de la cochlée a été démontré à l’aide de souris Thrb−/− (Ortiga-Carvalho et al.), et bon nombre de ces études ont été réalisées par le groupe Forrest. Cette étude étend nos connaissances sur l’hormone thyroïdienne au développement du cortex surrénalien et fournit un mécanisme potentiel pour expliquer une carence en hormone corticosurrénale non reconnue dans des modèles d’hypothyroïdie congénitale et d’excès d’hormone corticosurrénale dans des états d’excès d’hormones thyroïdiennes.

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