Aristote soutient, dans le Livre 8 de la Physique et le Livre 12 de la Métaphysique, « qu’il doit y avoir un être immortel, immuable, responsable en fin de compte de toute plénitude et de tout ordre dans le monde sensible ».
Dans la Physique (VIII 4-6), Aristote trouve des « difficultés surprenantes » expliquant même un changement banal, et à l’appui de son approche de l’explication par quatre causes, il lui fallait « un peu de machinerie technique ». Cette « machinerie » comprend la potentialité et l’actualité, l’hylomorphisme, la théorie des catégories et « un argument audacieux et intrigant, selon lequel l’existence nue du changement nécessite la postulation d’une cause première, un moteur immobile dont l’existence nécessaire sous-tend l’activité incessante du monde du mouvement ». La « philosophie première » d’Aristote, ou Métaphysique (« après la Physique »), développe sa théologie particulière du moteur premier, comme πρῶτον κινονν ἀκίνητον: une substance immatérielle éternelle et immuable divine indépendante.
Sphères célestiesmodifier
Aristote a adopté le modèle géométrique d’Eudoxe de Cnide, pour fournir une explication générale de l’errance apparente des planètes classiques résultant des mouvements circulaires uniformes des sphères célestes. Alors que le nombre de sphères dans le modèle lui-même était sujet à changement (47 ou 55), le récit d’Aristote sur l’éther, ainsi que sur la potentialité et l’actualité, nécessitait un moteur individuel et immobile pour chaque sphère.
Cause finale et cause efficacedit
Simplicius soutient que le premier moteur immobile est une cause non seulement dans le sens d’être une cause finale — que chacun en son temps, comme dans le nôtre, accepterait — mais aussi dans le sens d’être une cause efficace (1360. 24 et suivants.), et son maître Ammonius a écrit un livre entier défendant la thèse (ibid. 1363. 8–10). Les arguments de Simplicius incluent des citations des points de vue de Platon dans le Timée — des preuves qui ne sont pas pertinentes pour le débat à moins que l’on ne croie à l’harmonie essentielle de Platon et d’Aristote — et des déductions des remarques d’approbation qu’Aristote fait sur le rôle de Nous dans Anaxagore, qui nécessitent beaucoup de lecture entre les lignes. Mais il souligne à juste titre que le moteur immobile correspond à la définition d’une cause efficace — « d’où la première source de changement ou de repos » (Phys. II.3, 194b29-30; Simpl. 1361. 12 et suivants.). Les exemples qu’Aristote donne ne suggèrent évidemment pas une application au premier moteur immobile, et il est au moins possible qu’Aristote soit à l’origine de sa quadruple distinction sans référence à une telle entité. Mais la vraie question est de savoir si, compte tenu de sa définition de la cause efficace, elle inclut le moteur immobile bon gré mal gré. Un fait curieux demeure: Aristote ne reconnaît jamais le prétendu fait que le moteur immobile est une cause efficace (un problème dont Simplicius est bien conscient: 1363. 12–14)…
iv— – D. W. Graham, Physics
Malgré leur fonction apparente dans le modèle céleste, les mouvements immobiles étaient une cause finale, et non une cause efficace pour le mouvement des sphères; ils étaient uniquement une inspiration constante, et même s’ils étaient pris pour une cause efficace précisément parce qu’ils étaient une cause finale, la nature de l’explication est purement téléologique.
La théologie d’Aristotledit
Les mobiles impassibles, s’ils étaient n’importe où, remplissaient le vide extérieur, au-delà de la sphère des étoiles fixes:
Il est alors clair qu’il n’y a ni lieu, ni vide, ni temps, en dehors du ciel. Par conséquent, tout ce qui est là est de nature à n’occuper aucun lieu, et le temps ne le vieillit pas; il n’y a pas non plus de changement dans aucune des choses qui se trouvent au-delà du mouvement le plus extérieur; elles continuent pendant toute leur durée inaltérable et non modifiée, vivant la meilleure et la plus autosuffisante des vies derive De l’être et de la vie dont jouissent d’autres choses, certaines plus ou moins articulées mais d’autres faiblement. »
— Aristote, De Caelo, I.9, 279 a17-30
Les déménageurs immobiles sont, eux-mêmes, une substance immatérielle (des êtres séparés et individuels), n’ayant ni parties ni grandeur. En tant que tel, il leur serait physiquement impossible de déplacer des objets matériels de toute taille en poussant, en tirant ou en se heurtant. Parce que la matière est, pour Aristote, un substrat dans lequel un potentiel de changement peut être actualisé, toute potentialité doit être actualisée dans un être qui est éternel mais qui ne doit pas être immobile, car l’activité continue est essentielle pour toutes les formes de vie. Cette forme immatérielle d’activité doit être de nature intellectuelle et elle ne peut dépendre de la perception sensorielle si elle veut rester uniforme; par conséquent, la substance éternelle ne doit penser qu’à la pensée elle-même et exister en dehors de la sphère étoilée, où même la notion de lieu n’est pas définie pour Aristote. Leur influence sur les êtres inférieurs est purement le résultat d’une « aspiration ou d’un désir », et chaque sphère céleste éthérique émule, du mieux qu’elle peut, l’un des mobiles immobiles par un mouvement circulaire uniforme. Le premier ciel, la sphère la plus éloignée des étoiles fixes, est animé par le désir d’imiter le premier moteur (première cause), par rapport auquel les déménageurs subordonnés souffrent d’une dépendance accidentelle.
Beaucoup de contemporains d’Aristote se sont plaints que les dieux inconscients et impuissants ne sont pas satisfaisants. Néanmoins, c’était une vie qu’Aristote approuvait avec enthousiasme comme l’une des plus enviables et des plus parfaites, la base intacte de la théologie. Comme toute la nature dépend de l’inspiration des éternels mouvements impassibles, Aristote s’est attaché à établir la nécessité métaphysique des mouvements perpétuels des cieux. C’est par l’action saisonnière du Soleil sur les sphères terrestres que les cycles de génération et de corruption donnent naissance à tout mouvement naturel comme cause efficace. L’intellect, nous, « ou quoi que ce soit d’autre qui soit censé nous gouverner et nous conduire par nature, et avoir connaissance de ce qui est noble et divin » est l’activité la plus élevée, selon Aristote (contemplation ou pensée spéculative, theōrētikē). C’est aussi l’activité la plus durable, la plus agréable, la plus autosuffisante; quelque chose qui vise à lui-même. (Contrairement à la politique et à la guerre, cela n’implique pas de faire des choses que nous préférons ne pas faire, mais plutôt quelque chose que nous faisons à notre guise.) Ce but n’est pas strictement humain, l’atteindre signifie vivre en accord non pas avec des pensées mortelles, mais quelque chose d’immortel et de divin qui est en l’homme. Selon Aristote, la contemplation est le seul type d’activité heureuse dont il ne serait pas ridicule d’imaginer les dieux avoir. Dans la psychologie et la biologie d’Aristote, l’intellect est l’âme (voir aussi eudaimonia).
Première causedit
Dans le livre VIII de sa Physique, Aristote examine les notions de changement ou de mouvement, et tente de montrer par un argument contestable, que la simple supposition d’un « avant » et d’un « après », nécessite un premier principe. Il soutient qu’au début, si le cosmos était venu à être, son premier mouvement n’aurait pas d’état antérieur, et comme l’a dit Parménide, « rien ne vient de rien ». L’argument cosmologique, attribué plus tard à Aristote, tire ainsi la conclusion que Dieu existe. Cependant, si le cosmos avait un commencement, a soutenu Aristote, il faudrait une cause première efficace, une notion qu’Aristote a prise pour démontrer un défaut critique.
Mais c’est une hypothèse erronée de supposer universellement que nous avons un premier principe adéquat en vertu du fait que quelque chose l’est toujours so Ainsi Démocrite réduit les causes qui expliquent la nature au fait que les choses se sont passées dans le passé de la même manière qu’elles se produisent maintenant: mais il ne pense pas qu’il convient de chercher un premier principe pour expliquer cela « toujours » … Que cela conclue ce que nous avons à dire à l’appui de notre affirmation selon laquelle il n’y a jamais eu de moment où il n’y a pas eu de motion, et il n’y aura jamais de moment où il n’y aura pas de motion. (Physique VIII, 2)
Le but de l’argument cosmologique d’Aristote, selon lequel au moins un éternel moteur immobile doit exister, est de soutenir le changement quotidien.
Parmi les choses qui existent, les substances sont les premières. Mais si les substances le peuvent, alors toutes choses peuvent périr… et pourtant, le temps et le changement ne peuvent pas. Maintenant, le seul changement continu est celui du lieu, et le seul changement continu de lieu est le mouvement circulaire. Par conséquent, il doit y avoir un mouvement circulaire éternel et cela est confirmé par les étoiles fixes qui sont déplacées par la substance réelle éternelle qui est purement réelle.
Dans l’estimation d’Aristote, une explication sans l’actualité temporelle et la potentialité d’une chaîne de locomotives infinie est nécessaire pour un cosmos éternel sans début ni fin: une substance éternelle impassible pour laquelle le Primum Mobile tourne de manière diurne et où tous les cycles terrestres sont entraînés: le jour et la nuit, les saisons de l’année, la transformation des éléments, la nature des plantes et des animaux.